J’ai calculé mon empreinte carbone (mes émissions de gaz à effet de serre) toutes les semaines pendant plus d’un trimestre ! Quelles conclusions en tirer ? Et si vous essayiez vous aussi ?
Le calcul
Qu’est-ce qu’un bilan carbone ?
Le bilan carbone est une méthode de calcul des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’avantage de cette méthode, c’est d’abord qu’elle a été élaborée par l’ADEME, une agence gouvernementale, et qu’elle est donc, je l’espère, neutre politiquement.
Le bilan carbone prend en compte l’ensemble des GES, comme le méthane par exemple, et le convertit en “équivalent en dioxyde de carbone (CO2)” noté kgeqCO2 (pour une émission en kg) ou teqCO2 (pour une émission en tonne). C’est une mesure largement utilisée.
Sur internet, vous pouvez trouver un outil de calcul basé sur cette méthode pour évaluer vos émissions de GES dans l’année. Il s’agit de MicMac. L’outil est simple d’utilisation. Par contre, vous allez très vite utiliser une valeur par défaut ou inscrite au pifomètre (par exemple pour l’alimentation : comment faire une moyenne par semaine sur sa consommation de bœuf annuelle ?).
Je voulais donc un bilan carbone hebdomadaire, que j’ai appelé ma semaine carbone (#masemainecarbone sur Instagram) avec l’idée qu’il est plus facile de se rappeler ses déplacements, achats et repas à une semaine d’intervalle plutôt qu’à l’échelle d’une année. Cela permet aussi de voir l’impact en direct d’un poste de consommation !
Ma feuille de calcul
Ma feuille de calcul s’est construite au fur à mesure de son utilisation (par exemple, si j’achète pour la première fois des livres, j’ai cherché les émissions de l’achat de livres…). Elle est basée sur trois sources principales :
- Pour les postes d’émission fixes (électricité, gaz, finances, services publics), la feuille de calcul Excel de MicMac.
- Pour l’alimentation et les achats ponctuels, la base carbone de l’ADEME. Il faut se créer un compte, mais c’est gratuit.
- Pour les transports en commun, les sites internet des services de transports en commun. Quand vous faites un itinéraire, les émissions de CO2 sont toujours inscrites quelque part.
Pour télécharger ma feuille de calcul, c’est par ici :
(Attention, je ne fais la maintenance que pour les erreurs de calculs, s’il manque des données, la base carbone doit vous aider). Pour savoir si des mises à jour ont été faites, pensez à vous inscrire à la newsletter.
Ma semaine carbone
Quels sont les résultats de mes calculs hebdomadaires ? Sans surprise, les résultats sont assez stables d’une semaine sur l’autre. La principale valeur d’ajustement a été mes achats (dont une semaine difficile lors du Festival Quai des Bulles lorsque j’ai découvert les émissions du secteur de l’édition 😲).
Trois semaines sortent du lot : celles de mes vacances en Namibie. J’ai pris plusieurs avions (trajet avec escales) et j’ai roulé en 4 x 4. Un pic qui efface toutes les petites variations du trimestre. Hors vacances, mon mode de vie émet 83 kgeqCO2 en moyenne par semaine. Pendant les vacances, la moyenne est de 1 023 kgeqCO2.
Un mode de vie durable ?
Une hypothèse optimiste
C’est bien beau tous ces chiffres, mais est-ce que mon mode de vie permet de limiter le réchauffement climatique ? Est-il durable pour les générations futures ?
Alors, pour calculer ça, j’ai pris une hypothèse très très TRÈS optimiste. 👼
[Les phrases qui suivent doivent être lues en écoutant une musique épique, par exemple, Protectors of the Earth de Thomas Bergersen.]
J’ai considéré que nos gouvernements ont pris la mesure du péril climatique qui pèse sur notre espèce. 🔥 🌎
J’ai considéré que conscients de la hauteur des enjeux, nos gouvernements ont fermé la porte aux lobbys du pétrole et de l’industrie. 🤑🛢️🏭
J’ai considéré que les gouvernements ont collectivement choisi le meilleur quota possible pour limiter le réchauffement climatique et assurer un avenir à la population mondiale. 🤝
J’ai considéré que les accords de la COP21 sont suffisants pour nous assurer un avenir radieux !
[fin de la musique épique]
Les limites prévues par la COP21
Les engagements de la France dans le cadre de la COP21 sont de réduire les émissions de GES du pays par rapport au niveau de 1990 de 40 % d’ici 2030 et de 75 % d’ici 2050. Les émissions de GES de la France en 1990 étaient de 8,6 teqCO2 par habitant. Les limites par habitant en 2030 et en 2050 sont alors faciles à calculer.
J’ai donc tracé deux limites sur le graphique précédent :
- une limite à 99 kgeqCO2 par habitant et par semaine pour 2030.
- une limite à 41 kgeqCO2 par habitant et par semaine pour 2050.
Je ne commente pas le graphique ci-dessous qui parle de lui-même.
Améliorer son empreinte carbone ?
La feuille de calcul permet d’avoir quelques pistes d’amélioration de son empreinte carbone. Chacun est libre de l’exploiter comme il le souhaite.
Les semaines classiques
La répartition par poste ci-dessous montre une chose importante : quand vous limitez l’usage de la voiture individuelle et que vous diminuez votre consommation de viande, la part “incompressible” d’émissions de gaz à effet de serre, celle due aux services de l’État, devient prépondérante. Le troisième poste est celui du gaz de ville, donc de mon chauffage.
Pour moi, c’est le signe évident qu’une action collective est nécessaire pour réussir à décarboner notre mode de vie. Pour diminuer l’impact des “services”, une action politique est nécessaire : je ne peux pas, avec mes petites mains d’écrivaine, forcer l’État à être moins émissif !
Pour le chauffage, c’est pareil. J’habite en appartement… c’est donc la copropriété qui doit envisager collectivement une rénovation thermique de l’immeuble.
Les semaines de vacances
La semaine carbone “en vacances” est la plus émettrice de gaz à effet de serre. Partir moins souvent, plus longtemps et moins loin me semble la solution la plus simple pour diminuer les postes d’émissions…
Mais je vous avoue que c’est très dur pour moi de me passer de voyages…